"Le Pilote"


"Avant toute chose je tiens à résumer la personnalité de mon père avec ces quelques mots :

Grande gueule , Perfectionniste, Vaillant, Dépensier, Con au boulot, Abordable, Jamais-là, Honnête, Persévérant, Audacieux, Droit, Ferme mais compréhensif, Premier et pas second, Chef et pas sous-chef, Pas sentimental du tout, Brave, Fait confiance trop facilement ...

Né le 6 Juillet 1961, Réside à Villeneuve-sur-lot, 3 enfants, Patron de 2 sociétés .

6 Juillet 1961 et quelques années de plus..."Je suis né avec quinze jours de retard , et je crois que ses quinze jours-là, j'ai toujours cherché à les rattraper ! Il faut dire que j'avais commencé tôt puisqu'en CM2, j'allais à l'école avec une 125 Motobécane que je cachais derrière des buissons avant d'arriver."

"Mon père était garagiste, il a fait les 24h du Mans dans les années 50, sur une Bugatti 16 cylindres. Je ne suis pas un fils à papa. J'ai perdu mon père trop tôt et j'ai été obligé de me faire tout seul. ça n'a pas été facile..."

Il tient à l'affirmer haut et fort : " Mes débuts dans l'auto certes, mais pas dans la fortune. Je suis carrossier de métier mais j'ai commencé à bosser tôt en ramassant des prunes, puis en plumant des oies, j'ai poursuivi mes brillants débuts professionnels en devenant...poseur de rideaux..."

Père de famille à 17 ans, il monte sa première entreprise au même âge, celui des boums et du lycée pour la grande majorité, et commence sous le nom de sa première femme, une carrière de négociant en véhicule.

" Il faut dire qu'avant j'avais tâté du 2 roues, un peu de cross clandestin, tu sais les trucs organisés chez nous dans les fêtes de village".

" Quand je pratiquais la course à pied, j'avais une tactique façon mule ! Je partais loin devant d'entrée. Les autres ne s'inquiétaient pas, certains qu'ils étaient sûrs que j'allais bien finir par m'effondrer, et qu'ils allaient me rattraper. Seulement, j'avais une telle motivation que, quitte à mourir, je ne le leur donnais pas l'occasion de revenir ! "

" J'ai toujours plus ou moins bricolé des autos. La Rallye 2, je l'ai eu quand j'étais à l'armée et que je gagnais 300frs par mois. Soi-disant pour la vendre, je me suis engagé au slalom de Villeneuve-sur-lot. En fait, c'était une belle excuse...Je crois que je voulais surtout savoir ce que je valais au volant ! ".

" C' est de famille ce comportement, mon oncle était cascadeur, il en est mort le pauvre, ma mère fut, elle, une des premières femmes passagères de side-car cross".

" La Rallye 2, j'ai refait 12 fois le moteur de cette auto. Après la Rallye , j'ai eu une Ford escort RS2000 avec laquelle j'ai fait de la côte."

1983 Escort RS2000 : Au Rallye de Bord, une de ses premières courses, il termine 3ième, et à la Ronde du Moulinou, peu après, il remporte son premier Scratch à la surprise générale ! " Cette première victoire restera mon meilleur souvenir. A l'arrivée, je suis allé me cacher dans les toilettes pour pleurer...de joie ! " Rassurer sur sa valeur , il n'a alors plus qu'un seul objectif, le sport automobile .

" Je travaillais jour et nuit comme un idiot pour pouvoir dépenser mon argent le week-end. Je voulais réaliser mes rêves, et, quand je n'avais pas les moyens d'acheter quelque chose, je me débrouillais pour le fabriquer. De fil en aiguille, j'ai amélioré la voiture, toujours dans le but de faire le mieux possible. J'ai appris à cette époque que pour réussir en sport auto, il fallait marier 2 qualités : la motivation et la démerde. Motivé, je l'étais plus que n'importe qui ! L'envie de gagner, inhérente à la compétition, je m'en suis servi dans mon travail, et réciproquement, ma motivation au niveau de mon entreprise a entretenu mon envie de courir. Quant à la débrouillardise, le système D, je l'ai dans le sang ! De toute façon, je n'avais pas le choix. Faire évoluer mes voitures me semblait indispensable, et je n'avais pas les moyens de payer quelqu'un pour cela. Alors... "

"A l'époque j'attaquais comme une mule et je sortais souvent aussi. Je courais, courais et courais encore. Il est même des week-end ou je courais 2 épreuves, comme en 84 où j'ai gagné 2 fois le scratch, une fois le Samedi à la Ronde de Nérac avec une escort et le Dimanche au rallye de Bayonne avec une R5 turbo. j'avais d'ailleurs fait un tonneau le Samedi avec la Ford."

" J'étais un peu audacieux c'est vrai, j'ai fait de la moto, je passais les mecs dans les courbes, dans les lignes droites, je cassais les moteurs, c'est moi qui les préparais...J'avais encore des progrès à faire, j'ai toujours été attiré par la préparation "

1986, la Manta 400 : " Là, je suis vraiment passé pour un doux dingue. Il faut bien avouer que le pari était complètement dément ! Je suis parti d'une Manta 200 trouvée dans une casse, et pendant 4 mois, j'ai travaillé tout seul comme un fou, en ne me basant que sur des photos et les fiches d'homologation. Mais contre toute attente, j'y suis arrivé. Et toutes les épreuves où j'ai engagé la Manta, je les ai gagné, sans jamais mettre la moindre roue dans le fossé ! Dingue non ?. L'usine m'a même demandé le numéro de l'auto, elle marchait d'enfer, je n'ai abandonné qu'une seule fois."

1988,Hugues a offert sa première victoire Scratch en France à la Sierra Cosworth : " 88, c'est l'époque de la Sierra Gr A, une sacré bagnole...elle m'a ruiné. J'avais déjà le porte-feuille pas très épais, mais avec la Ford je n'ai abandonné qu'une fois, rupture d'une tulipe de pont mais pour la maintenance, pardon !..."

" Je demande avant tout mon plaisir, et la gagne, parce que je suis un gagneur, très mauvais perdant. Tant que je pourrai rouler en propulsion, je roulerai en propulsion, c'est un choix personnel. Je veux conduire en me faisant plaisir et dans une tract'avant ou une 4/4, je ne me fais pas plaisir, terminé ! "

" Je pense que le public mérite qu'on lui donne ce qu'il attend, c'est à dire du spectacle ... et DELAGE aime bien qu'on l'aime ! "

1989, Il rencontre la BMW M3 et depuis, y est resté presque fidèle ." J'ai dû m'arrêter de courir pour me refaire une santé financière, en fait j'ai arrêté à peine trois mois...Un copain m'a présenté un concessionnaire BMW de la région, j'ai essayé une M3, elle était d'origine, un tombeau. Le premier rallye que je fais, je fais le scratch, depuis ..."

Fin 1989, Le petit garage traditionnel cède petit à petit sa place à un antre de sorcier... Delage sport est né. J'en avais assez de n'être qu'un garagiste, qui plus est carrossier. Dans ce genre de boulot, tu te couches le soir aussi bête que quand tu t'es levé le matin...La préparation, en revanche, laisse s'exprimer la passion. Et puis nous vivons une époque où, pour gagner sa vie, un garagiste doit laisser l'honnêteté derrière le comptoir, et cela, je ne le voulais pas. La transition s'est faite en douceur, j'ai glissé progressivement de la réparation à la préparation."

1990, 1ier Titre National et développement de l'M3 ... : " J'ai travaillé sur les trains et la caisse...C'est une mécanique noble, très bien faite à la base, qui valorise le préparateur, qui m'a permis de m'implanter, qui a changé professionnellement le cours de ma vie, qui m'a fait connaître mes plus grandes, mes plus belles histoires et qui va continuer à être dans le coup. Pour résumer un peu la communion entre moi et cette voiture, je pourrais donner un prénom à toutes les M3 que j'ai touchées .

...et de " La grande gueule ! " :"Autant il y a une guerre au niveau de la corruption dans la politique, autant on ferrait bien de faire la guerre dans le sport auto, aux amis des petits copains... C'est simple ! A chaque fois qu'on a un problème technique chez Renault ou chez Peugeot on change les règlements, comment veux-tu que l'amateur suive ? Il faut bien distinguer qui sont les usines et qui sont les privés, et ne pas mélanger !

1993, 2ième Titre , Scénario :" Prendre le large tout de suite est effectivement la tactique que je cherche à appliquer. Mais, et je sais que c'est absurde de dire ça, j'avoue sincèrement que je ne sais pas comment je fais ! J'attaque dans les premières spéciales en me disant à chaque fois qu'il ne faut pas que j'en rajoute. J'ai toujours l'impression d'être en sécurité, en dedans : ce doit être vrai puisque, finalement, je ne sors presque jamais. Pour moi, attaquer veut dire avant tout être sûr d'arriver au bout du rallye... Pour couper l'herbe sous le pied de ses détracteurs, il n'a jamais hésiter à courir lui-même avec les autos de ses clients...et à gagner là où ces derniers se contentaient de plus maigres résultats.

1994, L'année DELAGE !!! 12 victoires avec une impression de facilité déconcertante et 2 titres de Champion de France . DELAGE Pilote professionnel ? " Ce sport est aléatoire et je ne veux pas tout sacrifier pour lui ! Si j'avais dix ans de moins et pas de famille, je dirai Bonzaï !

" Je n'aurais pas été un bon professionnel ou alors, si j'avais été un bon pro au plan des résultats, j'aurai été un très mauvais exemple ! Je revendique haut et fort l'appellation d'amateur, et, pour rien au monde, je ne voudrai mettre ma liberté en cause ! "

1995, 5ième Titre .

1996 : La trahison ! (Sponsor)" Après de bons, loyaux services et une honnêteté sans faille, m'être fait lâcher comme j'ai été lâché...Je veux courir avec une équipe de copains, dans une bonne ambiance. Lorsque je fini un rallye, je veux partir en pleine forme, la tête vide afin de reprendre mon boulot le lundi . Or, depuis ces événements, ce n'est plus le cas . Au Lozère, j'ai gagné, donc j'avais tout pour être heureux et quand je suis parti de Mende, j'avais carrément envie d'arrêter de courir. A cause de l'ambiance. J'ai pris énormément de risque, ce n'est pas pour me déplaire, j'ai toujours pris des risques en course. Mais j'aime bien le faire à armes égales. Pour les spectateurs ou même certains journalistes, cela semble normal que j'aille chercher les Kit-Cars, et je peux dire que c'est ...L'âge rentre peut être en compte, mais j'ai une vie de famille, une vie de buisiness-man et c'est déjà très difficile à concilier. Si en plus, en rentrant je ne me suis pas ressourcé à 100% et qu'au contraire le sport auto devient un problème, là, le caillou coince . Moi qui n'est jamais voulu être un professionnel j'y marchais dedans sans le faire exprès. Voilà pourquoi,je renonce au Titre ! et je me contenterai d'être Vice-Champion de France !

DELAGE, une grande gueule ? " Ils ont parfaitement raison ! Le seul truc que je ne supporte pas, c'est qu'on puisse me prendre pour un tricheur. Mes détracteur le maintiennent et le maintiendront sans doute malgré mon démontage stade 5 à Mâcon en 1996, qui a révélé une voiture parfaitement conforme et même un moteur un peu fatigué. J'ai réussi à me faire une raison. Mais ils peuvent être contents, parcequ'ils m'ont fait mal ! Le soupçon de triche ou le manque de confiance m'esquinte. Sur ces 2 points je suis intransigeant. Pas envers les autres, envers moi même. Je pense que cette façon d'être s'est reflétée dans mes affaires, et m'a permis d'arriver où je suis aujourd'hui. Le reste, que je sois grande gueule, ils ne risquent guère de se tromper, que je sois un peu con, c'est sûr...C'est pas donné à tout le monde, hein? J'ai pas fait l'E-N-A, c'est pas grave..."

En 1997 : Il se remotivera et fera le Championnat de 2nd Division, il sera Vice-Champion de France

1998, La Supercherie de la Finale de la Coupe de France .

" Dans le sport automobile plus qu'ailleurs, il ne faut pas tricher. Je n'aime pas dire que je cherche à être le meilleur, je veux simplement être aussi bon que possible, être à la hauteur de ce que l'on attend de moi. Cela passe par 2 principes : ne pas me mentir à moi même, et ne pas trahir ceux qui me font confiance."

Hugues gênait la hiérarchie du Rallye Français !

Comment expliquer qu'avec la base d'une vieille BMW, ce virtuose fabriquait des pompes à feu Gr F2000, et qui de plus se permettait à se classer devant des Kit-Cars ou Maxis d'un tout autre budget . Imaginez-Vous les mauvaises retomber publicitaire pour la marque, les investisseurs de Kit-Cars et leurs pilotes ? Il fallait l'éliminer intelligemment, alors la F-F-S-A a trouver la solution...le faire arrêter de piloter !

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